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lons des plus pittoresques, escortés de deux cents gros chiens frisés, et suivis de dix mille agneaux bêlants. Tout ce monde, bêtes et gens, s’installe sur les places de la ville ou dans les champs incultes du voisinage. Les citoyens sont régalés pendant deux nuits d’un vaste concert de bêlements. Le samedi, tous les hommes qu’on rencontre dans la rue portent, comme le bon pasteur, un agneau sur les épaules. Chaque père de famille, rentré chez lui, égorge la bête au milieu de ses fils et de ses filles, la vide le plus proprement qu’il peut, l’assaisonne d’herbes aromatiques et lui passe un bâton au travers du corps. On réserve soigneusement la fressure pour la poêle. Le rôti embroché est exposé dans la cour ou devant la porte à un grand clair feu de fagots. Lorsqu’il est cuit à point, on le laisse refroidir (les Grecs ne tiennent pas à manger chaud), et l’on attend, pour se remplir le ventre, que le Christ soit ressuscité.

Les sept dixièmes des sujets du roi Othon ne mangent de la viande que ce jour-là.

Les brigands qui achètent les agneaux sans les payer, se régalent assez souvent du rôti que je viens de décrire et dont l’invention leur appartient, dit-on. Un agneau rôti tout entier s’appelle un agneau à la Pallicare.

Les étrangers qui ont contracté l’habitude de manger de la viande tous les jours, mangent de l’agneau pendant une grande partie de l’année. L’agneau bouilli, l’agneau rôti, le ragoût d’agneau, l’agneau en friture, la soupe à l’agneau, forment le fond de la nourriture des voyageurs. Pour varier un peu ce régime, on peut manger du poulet bouilli ou rôti,