Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/167

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nomie gracieusement ahurie d’un jeune paysan breton. Il portait la veste et la foustanelle, des sandales ou plutôt des mocassins sans talons, des guêtres de laine qui remplacent à peu près les bas ; une écharpe de coton, brodée par sa femme, tournait comme un turban autour de sa tête. Sa ceinture, étroitement serrée, était armée d’un poignard à manche de corne, arme inoffensive, et dont je garantirais l’innocence.

Le père et la mère de la jeune femme habitaient la maison, qui leur appartenait. Ils fournissaient à leur gendre le logement, c’est-à-dire un coin dans la cabane, et leur gendre travaillait pour eux. Le père était un vieillard encore vert, assez gai et très-actif : toute la maison semblait lui obéir avec joie ; mais il témoignait une certaine déférence à son gendre : il lui demanda conseil avant de nous recevoir chez lui. Le jeune homme répondit : « Que crains-tu ? Ils sont chrétiens comme nous, ils ne nous feront pas de mal. »

La vieille avait, comme presque toutes les femmes du pays, un embonpoint voisin de l’obésité. Elle semblait pleine de respect pour son mari et pour son gendre : la femme, en Orient, persiste à se croire inférieure à l’homme. Elle a, presque partout, une voix criarde et gémissante qui surprend au premier abord : ce pauvre sexe, opprimé depuis tant de siècles, ne parle que par lamentations.

Toute la famille, jusqu’aux petits enfants qui s’enfuyaient à notre approche, était d’une beauté remarquable, malgré la misère et la malpropreté. L’usage du peigne est inconnu dans ces parages, et ces beaux cheveux sont aussi incultes que des forêts vierges. Ces