Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/166

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y a de femmes ; rien n’est plus varié que la toilette des paysannes : elles choisissent à leur gré l’ajustement qui sied le mieux à leur beauté : chacune d’elles est un artiste dont le costume est un chef-d’œuvre.

La jeune femme avait jeté sur sa tête un grand foulard jaune et rouge dont la pointe retombait entre ses épaules. La longue chemise de coton qui descendait jusqu’à ses pieds était ornée d’un petit dessin rouge et noir qui courait autour du collet des manches comme l’attique d’un vase étrusque. Une veste courte à raies fines enfermait sa poitrine sans la serrer et s’agrafait au-dessous du sein ; une ceinture noire à gros plis se tordait mollement autour de sa taille ; un tablier et un gros surtout de laine blanche, sobrement brodé de couleurs voyantes, achevaient de la vêtir. Ses cheveux, ses mains, son cou étaient chargés de pièces de monnaie, d’anneaux, de colliers, de verroteries de toute espèce, et elle portait au-dessous du sein deux grosses plaques d’argent repoussé, semblables à deux petits boucliers. Luxe modeste, bijoux de mauvais argent qui se transmettent de la mère à la fille, et qui n’ont de valeur que par le souvenir qu’ils consacrent à la grâce étrange qu’ils ajoutent à la beauté. Cette femme, ainsi vêtue, surprenait les yeux par une splendeur singulière.

Son mari pouvait avoir cinq ans de plus qu’elle, c’est-à-dire vingt-trois ou vingt-quatre ans. Il était très-grand, sans paraître long, et svelte sans maigreur. Ses traits, purement dessinés, avaient quelque chose d’enfantin, malgré la présence d’une moustache naissante, et ses longs cheveux noirs, qui tombaient en boucles sur ses épaules, complétaient la physio-