Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/169

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coin une façon de paquet informe. « Tiens, dit Garnier, il y a quelque chose qui dort là-dessous. » Cette chose, c’étaient trois jeunes filles, dont la plus grande avait treize ou quatorze ans, de beaux cheveux blonds avec des yeux noirs, un teint de lait, un profil antique, un visage doux et sérieux. La plus petite, un enfant de six ans à peine, montrait une de ces figures de keepsake, comme Tony Johannot pouvait seul les peindre, comme la gravure anglaise sait seule les rendre.

Chez les riches Pallicares, la famille n’est pas sans une certaine grandeur.

Un jour, à Mistra, j’allais porter une lettre d’introduction à un jeune député de talent qui a reçu une instruction toute française, qui parle français, qui s’habille à l’européenne pour aller à la chambre, mais qui, dans sa province, observe soigneusement les vieux usages du pays. On me dit qu’il était sorti depuis le matin pour ne rentrer que le soir, et que je le trouverais sur la place publique.

Sa mère me reçut avec la dignité cordiale de Pénélope faisant les honneurs de son palais à un hôte d’Ulysse. Elle avait autour d’elle cinq ou six servantes auxquelles elle distribuait leur tâche. Sous le portique, une vingtaine de jeunes hommes, armés ou non armés, jouaient, causaient ou dormaient : c’étaient les amis ou les parents des maîtres de la maison. Je crus me trouver en pleine Odyssée, au milieu de cette vie héroïque dont Homère a fait une peinture si exacte qu’on peut la vérifier tous les jours.