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LE PAYS.

petit apprentissage dans la banlieue d’Athènes : je partis pour Égine avec un architecte de l’académie de Rome, mon ami Garnier, qui entreprenait alors cette belle restauration qu’on a admirée il y a quelques mois au palais des Beaux-Arts. Égine n’est qu’à six lieues d’Athènes, mais les chemins y sont aussi mauvais, les gîtes aussi inhabitables, la nourriture aussi désespérante qu’en aucun canton de la Grèce. Nous avions débarqué au village qui est le chef-lieu de l’île ; notre batelier nous avait conduits au cabaret le plus confortable de l’endroit : confortable est un mot qui n’a pas d’équivalent en grec. Nous avions soupé au milieu de tout le populaire qui examinait curieusement nos vêtements, nos visages et l’omelette que notre domestique nous préparait ; enfin nous avions dormi dans une soupente, sur les matelas que nous avions apportés. Bon gré mal gré, le voyageur est comme le sage : il faut qu’il porte tout avec soi. Le lendemain matin nous nous mîmes en route vers le temple d’Égine, que Garnier devait dessiner et mesurer à loisir : tout notre bagage marchait avec nous. Nous voulions louer une cabane près du temple, et nous y fixer pour quinze ou vingt jours. Garnier avait des échelles, des cartons, des planches à laver ; nous possédions en commun deux matelas de quelques centimètres d’épaisseur, deux couvertures, du riz, du sucre, du café, des pommes de terre et autres provisions de luxe qu’on ne trouve guère que dans la capitale.

Au lever du jour, les Éginètes assistèrent à un beau spectacle. Nous avions pris deux chevaux de bagage : l’un était borgne et portait les échelles ;