Sous la domination turque, la mère, lorsqu’elle savait écrire, tenait le registre de l’état civil de sa famille. Elle prenait note du jour de la naissance de chacun de ses enfants. Malheureusement, toutes les mères n’étaient pas lettrées ; puis les papiers s’envolent, malgré le proverbe qui assure que les écrits restent. Aussi une bonne partie du peuple grec ignore-t-elle son âge. Toutes les fois qu’on demande à notre bon Pétros quel âge il a, il répond imperturbablement : « Ma mère l’avait mis par écrit, mais elle a perdu le papier. » Cette ignorance heureuse permet aux gens de se rajeunir impunément. Lorsque Pétros allait prendre des passeports pour ses jeunes maîtres et pour lui, il nous donnait trente-cinq ans à l’un, quarante à l’autre, et se réservait soigneusement le bel âge de vingt-cinq ans.
Aujourd’hui les naissances devraient être inscrites aux églises et aux mairies ; mais l’inscription à l’église fait foi, et les maires professent un mépris souverain pour les écritures.
III
Si les mariages se contractent un peu légèrement dans les campagnes, il n’en est pas toujours de même à la ville. Le séjour d’Athènes habitue les esprits à la spéculation : on y a plus de besoins, on vise à s’y