Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/180

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femme. » Au sac de je ne sais quelle bourgade de la Morée, de Corinthe, si je ne me trompe, un jeune Pallicare acheta pour cent piastres turques une des femmes qui faisaient partie du butin. Il vécut longtemps avec elle ; puis il l’épousa quand il eut le temps ; puis il devint ministre du roi Othon. Sa femme, qui n’est plus jeune, comme on peut le croire, s’est toujours bien conduite. Pour cent cinquante francs environ (au taux où était la piastre en ce temps-là), le Pallicare avait acheté, sans le savoir, une somme incalculable de vertus domestiques.

On me montrait un jour au théâtre un autre habitant d’Athènes qui a fait son bonheur, je veux dire son mariage, d’une façon plus originale encore. L’héroïne de l’histoire est née à Constantinople, il y a… sait-on jamais combien il y a de temps qu’une femme est née ? Mais il y a bien quarante ans, sans rien exagérer. Un Anglais, habitant Athènes, M. X…, était épris d’une jeune Arménienne de Constantinople, qui avait une sœur. Les deux sœurs étaient gentilles et en âge de se marier : c’était l’aînée qu’il aimait. Impossible de la demander en mariage : les lois turques défendaient à une Arménienne d’épouser un Franc. Restait une autre ressource, un peu plus violente ; mais, lorsqu’un Anglais a le temps d’être amoureux, il ne l’est pas à demi. M. X… résolut d’enlever celle qu’il aimait, et elle ne s’en défendit point. À Constantinople, les enlèvements ne se font pas en chaise de poste, faute de chaises de poste et de routes carrossables. Il fut convenu que la demoiselle s’emballerait elle-même dans une boîte de cèdre aussi confortable que possible, et percée de petits