ce que nous appelons l’orgueil du nom. Une famille très-nombreuse peut se composer de cent noms divers et n’avoir aucun lieu apparent ; mais elle n’en sera pas moins étroitement unie. Les devoirs de parenté sont plus stricts chez les Grecs que chez nous. En voici deux preuves que je prends au hasard, au plus haut et au plus bas de la société.
M. Rhalli, président de l’Aréopage, ancien ministre, un des hommes les plus considérables de l’État, avait placé un de ses cousins comme domestique dans une maison de ma connaissance. Il venait de temps en temps dire au maître du logis : « Êtes-vous content de mon cousin ? Si vous avez à vous en plaindre, envoyez-le-moi, je lui laverai la tête. » Je ne connais que deux pays où un tel trait soit vraisemblable : la Grèce et la Turquie. Il dénote à la fois un vif sentiment de l’égalité et un profond respect des liens de la famille.
Notre cuisinier était un pauvre diable qui gagnait six cents francs par an, ni logé, ni nourri. Il avait pris à sa charge la veuve de son frère et ses cinq enfants. Une telle action serait admirée chez nous ; elle n’était pas même remarquée à Athènes. Un homme remplit un devoir strict lorsqu’il adopte la veuve d’un parent.
Le droit d’aînesse, ce principe destructif de la famille et de la société, qui n’est bon tout au plus qu’à immobiliser la propriété dans les mêmes mains, sera toujours inconnu en Grèce. Ceux qui croient à l’égalité des hommes croient à plus forte raison à l’égalité des frères.
On sait qu’en Russie la sœur n’est pas l’égale des