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rité toute faite, rien n’est plus aisé que de la faire. Un homme qui touche 250 drachmes par mois, et qui est forcé d’héberger ses électeurs, ne sera jamais un homme indépendant.

Le sénat, riche de 6000 drachmes par an et inamovible, a deux garanties d’indépendance ; mais n’en abuse point. Dans un État où tous les hommes, sans exception, aspirent aux emplois publics, on tient les sénateurs par leurs clients et par leurs familles.

En tous pays, le corps judiciaire, gardien naturel des lois, peut et doit défendre le bon droit contre les caprices du gouvernement. C’est un rôle qu’il a joué non-seulement dans les monarchies constitutionnelles, mais dans les pays de pouvoir absolu. Frédéric II, qui n’était pas un roi constitutionnel, reconnaissait cependant qu’il y avait des juges à Berlin. Le roi Othon n’a jamais permis qu’il y eût des juges à Athènes, car il n’y souffre pas de magistrats inamovibles. La charte consacrait le principe de l’inamovibilité de la magistrature assise, mais le roi, depuis qu’il s’est laissé arracher une constitution, n’est occupé que du soin de la reprendre.

Il est donc maître absolu dans son royaume. Ce n’est pas à dire que tous les cœurs soient à lui. Othon fût-il le meilleur et le plus intelligent des rois, son peuple ne lui pardonnerait jamais sa religion ni son origine. Bavarois et catholique, il sera toujours pour les Grecs orthodoxes un étranger mal baptisé. Enfin, comment le peuple s’attacherait-il à un prince qui n’a pas d’héritier présomptif ? Le principal argument des partisans de la monarchie, c’est que la mo-