Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/208

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criminelle qui offre toutes les garanties désirables à la justice et à l’accusé. Cependant il n’y a pas de justice en Grèce.

Les juges ne sont ni inamovibles ni incorruptibles. Êtes-vous protégé par la cour ou par un homme puissant : votre affaire est bonne. Avez-vous quelques milliers de drachmes à dépenser : elle est excellente. Il y a deux juges de paix à Athènes. « Quel est le plus honnête des deux ? demandais-je à un magistrat d’un ordre supérieur.

— Ni l’un ni l’autre, » me répondit-il.

Les juges sont d’un patriotisme effréné. J’ai entendu un magistrat dire, en parlant de la duchesse de Plaisance : « Ses héritiers n’hériteront pas du bien qu’elle possède ici.

— Quoi ! tant d’argent qui lui est dû…

— Nos tribunaux ne donneront jamais gain de cause à un étranger.

— Mais elle a d’excellentes hypothèques.

— Oh ! les hypothèques, c’est notre fort. »

En effet, placez une somme sur la première hypothèque : demain l’emprunteur se fabrique un faux contrat de mariage qui vous enlève des mains le gage que vous croyiez tenir.

La justice a des façons un peu brutales avec le pauvre monde. Un matin, Leftéri nous arrive tout hors de lui. « Qu’as-tu donc, mon pauvre Leftéri ?

— Effendi, je sors de prison.

— Qu’avais-tu fait ?

— Rien. Je donnais l’orge à mes chevaux lorsqu’on est venu me prendre au collet sans me dire pourquoi. Quand j’ai été sous les verrous, on