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Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/209

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m’a dit : « Donne trente-six drachmes et tu sortiras. »

— Tu devais donc trente-six drachmes ?

— Je ne devais pas un lepton ; mais la douane a prétendu que j’avais fait entrer des chevaux turcs. J’ai eu beau dire que tous mes chevaux avaient été achetés à Athènes ; on m’a répondu que je m’expliquerais quand j’aurais payé trente-six drachmes. »

Ce pauvre garçon qu’on emprisonnait sans jugement ne devait pas la somme réclamée. Nous le savions mieux que personne, puisqu’il avait fait le voyage de Turquie avec trois d’entre nous. Cependant il lui fut impossible de se faire restituer son argent.

J’ai assisté comme témoin à un petit procès en justice de paix. Un manant, demi-cabaretier, demi-soldat, avait insulté des Français sur la route de Patissia. Le greffier du juge paix, faisant l’office de ministère public, requit toute la sévérité du tribunal, je veux dire du juge, contre l’accusé. Toute son argumentation se réduisait à ceci : « Considérez, monsieur le juge, que la plainte a été déposée par M. le ministre de France ! La France… » etc. L’accusé, qui était d’ailleurs parfaitement coupable, ne savait que répondre à ces raisons. Un gamin de vingt ans qui se trouvait dans l’auditoire lui cria : « Veux-tu que je plaide ta cause ?

— Non, tu m’ennuies.

— Je te ferai acquitter.

— Eh bien ! Je te nomme mon avocat. »

Le jeune drôle s’avance, et, prenant tout le public à partie, il s’écrie à haute voix : « Que vient-on nous