Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/210

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parler de la France et des Français ? Ne sommes-nous pas des Hellènes ? Oui, nous sommes Hellènes, ô mes frères, et un Hellène est toujours innocent ! (Marques d’approbation.) D’ailleurs, l’acte d’accusation a menti. J’étais présent, moi, le jour où cette victime résignée, ce doux soldat, ce timide aubergiste a été insulté, frappé, blessé par une horde de barbares venus du Nord ! » Là-dessus, l’avocat s’improvise témoin, et, sans même prêter serment, entasse mensonge sur mensonge. Le public, composé de dix ou douze vauriens, fait chorus avec lui : on était dans la première émotion des affaires d’Orient, et le doux soldat, qui avait bel et bien gagné un mois de prison, en fut quitte pour vingt-quatre heures. Encore ne voudrais-je point jurer qu’il les a faites. Les témoins ne déposent pas volontiers contre les criminels, les gendarmes ne les mènent pas très-scrupuleusement en prison, et les geôliers laissent de temps en temps la porte ouverte. Le sage fait provision d’amis.

Il n’y a dans tout le royaume qu’une prison munie d’un bon verrou. C’est le pénitencier du château de Nauplie. Partout ailleurs, les détenus ont un pied dans la cage et l’autre dans la rue. Le gouvernement grec ferait bien d’aller étudier les prisons de Corfou.

La plus horrible de toutes les peines infligées par la justice est en tout pays la plus facile à appliquer. On s’échappe de la prison et des galères, on ne s’échappe pas de la tombe, et un homme est bientôt mort.

Il n’en est pas ainsi dans le royaume de la Grèce ;