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de le faire réparer aux frais de son pays, si l’on voulait permettre que cette restauration fût signée du nom de l’Angleterre. Les Grecs ont refusé. Les Propylées s’écrouleront s’il le faut ; mais la vanité grecque ne sera pas humiliée[1].

Le commerce des objets d’art est interdit : ce n’est pas à dire que le gouvernement les achète. Il se contente de les confisquer. Le bel Antonio avait acheté des vases antiques pour 1500 drachmes : on lui a pris ses vases, mais sans lui rendre son argent. Qu’arrive-t-il ? Les courtiers se livrent à un commerce clandestin et cachent sous leur manteau toute leur marchandise. Si quelque marbre est trop grand ou trop pesant pour être transporté en cachette, ils le mettent en morceaux, et l’on débite une statue comme un mouton, pour la vendre.

Le petit peuple d’Italie témoigne un respect religieux pour les œuvres d’art qui font la richesse du pays. Le petit peuple de Grèce ne respecte rien. J’ai vu les bergers casser soigneusement les débris du temple de Phigalie, par curiosité pure, et pour voir si c’était du marbre ou de la pierre. Les chasseurs athéniens passent rarement auprès des rochers de Cologne sans décharger leur fusil sur la stèle de marbre qui couvre le tombeau d’Ottfried Müller. M. David d’Angers a donné à la ville de Missolonghi une admirable figure de jeune fille accroupie qui déchiffre au milieu des grandes herbes le nom presque effacé de Botzaris. Le vieux maître passait l’an dernier près

  1. Le gouvernement s’est piqué d’honneur : il vient de consolider le soubassement des Propylées. (Note de la 2e édition.)