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LA GRÈCE CONTEMPORAINE.

étaient à la porte. Si modeste voyageur que l’on soit, on a, bon gré mal gré, ses hommes et ses chevaux, et l’on voyage avec tout le faste de M. de Lamartine ou de M. de Chateaubriand. Comment voulez-vous marcher à pied par une chaleur de trente degrés, traverser à pied les torrents et les rivières, transporter à pied votre lit et votre cuisine ? Nous avions, outre nos montures, deux chevaux de bagage. Les propriétaires des cinq bêtes les accompagnaient, suivant l’usage, pour les nourrir, les panser et prendre soin d’elles et de nous. C’est un rude métier que celui de ces pauvres agoyates, qui font quelquefois des voyages de cinquante jours, à pied avec des cavaliers. Ils se lèvent avant tout le monde pour panser les chevaux, ils se couchent quand les voyageurs sont endormis ; souvent même ils passent la nuit à garder leurs bêtes, lorsqu’on traverse un pays sujet à caution. Ils se nourrissent à leurs frais, eux et leurs chevaux ; ils dorment dans un manteau à la belle étoile ; ils supportent le soleil et la pluie, le froid dans les montagnes, le chaud dans les plaines ; et après tant de fatigues, leurs seigneurs, comme ils disent, leur donnent ce qu’ils jugent à propos : car il ne leur est rien dû que le loyer de leurs chevaux. L’agoyate voyage à pied sans se fatiguer ; il passe l’eau sans se mouiller, il se nourrit le plus souvent sans manger. Il pense à tout, il porte sur lui des clous, du fil, des aiguilles, tout un mobilier, toute une pharmacie. Il chasse, quand vous avez un fusil ; il herborise, chemin faisant, et ramasse sur les bords de la route les plantes sauvages dont il assaisonne son pain ; en approchant du gîte, il plume un poulet, tout en marchant, et