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se souciait du roi Othon comme de l’empereur de la Chine.

Quand la politique fut épuisée, je l’amenai insensiblement à me parler des travaux et des peines de son état.

« Nous avons, me dit-il, peu de chose à faire. Quand les offices sont terminés, que nous avons chanté tout ce qui est prescrit par les canons et fait tous les signes de croix ordonnés par l’Église, notre tâche est finie. J’ai un bon coffre, comme tu vois, et je chante fort bien deux heures de suite sans me fatiguer. Quant aux signes de croix, qui sont un exercice un peu plus pénible, je ne suis pas manchot, Dieu merci. Mon estomac s’est accoutumé aux jeûnes de rigueur, et d’ailleurs je me dédommage les autres jours. »

Ce brave homme parlait de son église comme un marchand de sa boutique, et de ses prières comme un maçon de sa truelle. La cloche de l’église sonna : l’office du soir allait commencer : je conduisis mon hôte à ses affaires, et il travailla de son état pendant que notre souper s’apprêtait.

À peine étions-nous à table que tout le couvent entra tumultueusement, hégoumène en tête. Nous avions devant nous un public de quinze moines et moinillons qui voulaient voir comment les Francs prennent leur nourriture. Le plus jeune des apprentis avait un petit air éveillé qui nous rappelait Peblo. Tout ce peuple importun et serviable nous accablait de présents. Ils nous prodiguèrent le miel de leurs abeilles, le lait de leurs chèvres, les olives de leurs vergers, le fromage frais et salé de leurs brebis, un vin résiné