Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/254

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En tête du cortége marchaient trois ou quatre bambins brandissant qui une croix, qui une image au bout d’un bâton. Un homme portait le couvercle du cercueil, recouvert de papier noir et semé de croix blanches. Un peu plus loin s’avançait la musique. Les papas venaient derrière les musiciens, et les relayaient de temps en temps par quelques airs de plain-chant sur un ton grave et mélancolique.

Le cercueil était porté à bras. La morte était enveloppée d’une robe bleue, toute jonchée de narcisses et de fleurs odorantes. Son visage découvert avait une expression de sérénité qui ressemblait au sommeil. Pour écarter soigneusement l’horreur qui s’attache à la vue de la mort, on avait ravivé avec un peu de carmin la couleur éteinte de ses lèvres.

Derrière le cercueil marchaient trois grands jeunes gens à la figure maladive, dont l’un ne tardera pas à suivre sa mère. Ils allaient séparément, soutenus chacun par deux amis. Ils ne portaient pas d’autre deuil qu’un crêpe noir sur leur bonnet rouge. Presque tous ceux qui formaient le cortége étaient en veste de couleur, en foustanelle blanche et en guêtres rouges ou bleues. Tous les visages avaient un air de gravité recueillie qu’on ne voit pas souvent dans nos enterrements : il est vrai que le cortége se composait en grande partie des parents de la morte. J’ai dit que les familles grecques sont nombreuses et compliquées.

On entra dans l’église. Le cercueil fut placé au milieu de la nef, près du saint des saints et de cette partie du temple où les prêtres seuls ont droit de pénétrer. Les assistants restaient debout : il n’y a pas de chaises dans les églises.