Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/277

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drachmes, le ministère de la marine en paye plus de 250 000 à des hommes qui ne sont ni marins ni soldats, et qui souvent n’ont été ni l’un ni l’autre.

Lorsque le gouvernement a besoin d’un homme ou qu’il en a peur, on cherche dans son passé : on y découvre des services éclatants qu’il n’a pas rendus, des blessures qu’il n’a pas reçues, des infirmités qui ne le gênent point, et on lui fait place au budget.

La phalange est une armée sans soldats, où tous les hommes sont officiers. Nous rions, en France, lorsque nous entendons un enfant qui dit : « Je veux être soldat dans le régiment des colonels. » En Grèce, le régiment des colonels s’appelle la phalange. La phalange compte dans ses rangs nombre d’hommes qui n’ont jamais senti l’odeur de la poudre. Un libraire de la rue d’Hermès est capitaine de la phalange ; M. Mavrocordatos a refusé, il y a quelques années, une nomination de général dans la phalange. Un diplomate ! Le travail des officiers de la phalange consiste à se partager 400 000 drachmes par an et à accepter les meilleures terres du royaume en récompense des services qu’ils rendront.

L’institution de la phalange avait un but sérieux. On voulait récompenser les vrais défenseurs de la Grèce que la guerre de l’indépendance avait fatigués ou ruinés. On leur donnait un grade pour la forme et afin de les classer entre eux suivant l’ordre des services rendus. On attachait à ce grade une dotation en terre ou une pension en argent.

Mais la Grèce est le pays du monde où le mal marche le plus vite à la suite du bien. À peine la phalange était-elle créée, que les abus s’y introduisaient pour