Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/296

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forcée d’une santé de fer. Sa beauté, célèbre il y a quinze ans, se devine encore, quoique la délicatesse ait fait place à la force. La figure est pleine et souriante, mais avec quelque chose de roide et gourmé ; son regard est gracieux sans affabilité ; on dirait qu’elle sourit provisoirement et que la colère n’est pas loin. Son teint est raisonnablement coloré, avec quelques imperceptibles filets rouges qui ne pâliront jamais. La nature l’a pourvue d’un appétit remarquable, et elle fait tous les jours ses quatre repas, sans parler de quelques collations intermédiaires. Une partie de la journée est consacrée à prendre des forces et l’autre à les dépenser. Le matin, la reine court dans son jardin, soit à pied, soit dans une petite voiture qu’elle conduit elle-même. Elle parle à ses jardiniers, elle fait arracher des arbres, couper des branches, déplacer des terrains ; elle se plaît presque autant à faire mouvoir les autres qu’à se mouvoir elle-même, et elle n’a jamais si bon appétit que lorsque les jardiniers sont sur les dents. Après le repas de midi et le sommeil qui s’ensuit, la reine monte à cheval et fait quelques lieues au galop, pour prendre l’air. En été, elle se lève à trois heures du matin pour aller se baigner dans la mer, à Phalères ; elle nage sans se fatiguer une heure de suite. Le soir, elle se promène après souper dans son jardin. Dans la saison des bals, elle ne perd ni une valse, ni une contredanse, et elle ne semble jamais ni lasse ni rassasiée.

Dans les premières années de leur mariage, le roi et la reine voyageaient beaucoup à l’intérieur du royaume. C’est un plaisir dont la reine est forcée de se priver : le roi est trop faible. Bientôt il faudra re-