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leurs plus mortels ennemis rendent justice à leurs mœurs.

La vertu du roi, avant son mariage, fut rudement éprouvée par un des membres du conseil de régence, qui avait trois filles à marier, et qui aurait voulu en placer une sur le trône. Il résista aux séductions les plus adroites et aux provocations les plus directes.

La reine n’a jamais été même exposée. L’étiquette de la cour et la transparence de son palais la mettraient en sûreté, lors même qu’elle aurait moins de vertu. Mais elle en a autant que de santé.

Elle a d’ailleurs une morgue tudesque capable d’effrayer les héros de roman les plus intrépides. Elle ne souffre pas qu’on l’appelle madame ; il faut lui dire Majesté. Si Buckingham avait dû dire à Anne d’Autriche : « Majesté, je vous aime ! » il se serait souvenu qu’il parlait à une reine, et il n’aurait point achevé la phrase.

Cependant, malgré l’étiquette, malgré la morgue germanique, malgré l’impossibilité évidente de tout succès, un homme a été assez osé pour déclarer son amour à la reine. Je me hâte de dire que c’était un Français. Il était capitaine de frégate, en station au Pirée : il fut admis à la cérémonie du baise-main, et, tandis qu’il appuyait respectueusement ses lèvres sur la main blanche de la reine, il crut voir qu’elle le regardait favorablement. Là-dessus mon marin, plein de belle espérance, se persuade qu’une reine l’a distingué. Quelques jours après, il passe à Poros ; on lui montre des pommes de toute beauté ; il choisit les cent plus grosses, les fait mettre dans un panier, et