Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/308

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Au reste, le brigandage n’est pas en Grèce ce que l’on pourrait croire. Il est une source de gains illicites pour un certain nombre de volereaux qui s’associent au nombre de trente ou quarante pour dévaliser un voyageur tremblant, ou quelques villageois qui reviennent du marché. Mais pour les grands esprits, pour les hommes supérieurs, le brigandage est une arme politique de la plus grande portée.

Veut-on renverser un ministère ? On organise une bande ; on brûle vingt ou trente villages de Béotie ou de Phthiotide, le tout sans bouger d’Athènes. Lorsqu’on apprend que les coups sont portés, on monte à la tribune, et l’on s’écrie : « Jusques à quand, athéniens, souffrirez-vous un ministère incapable, qui laisse brûler les villages, » etc.

De son côté, le gouvernement, au lieu de poursuivre les brigands et de rechercher les coupables, profite de l’occasion pour mettre à la torture tous les incendiés qui votent avec l’opposition. Il n’envoie ni juges ni soldats : il expédie simplement quelques bourreaux.

Je ne me fais pas ici l’écho d’accusations vagues ou de déclamations passionnées. Voici des faits que je garantis vrais, après les avoir entendu discuter par les partisans et par les adversaires du gouvernement, à l’époque de mon arrivée en Grèce.

Un député du centre gauche, M Chourmouzis, homme d’un esprit ferme et modéré, parent d’un député dévoué au roi, avait adressé des interpellations au ministre de la guerre, M Spiro Milio. À quel sujet ? J’ai honte de le dire : à propos d’un brigand appelé Sigditza, que le ministre de la guerre retenait