d’une façon particulière qui pourrait faire illusion aux étrangers et leur persuader qu’elle est de bois.
Il y a tantôt deux ans, un ancien journaliste de Paris, promu à de hautes fonctions au conseil d’État, fut présenté à la reine. On présenta avec lui un artiste français dont je me garderai bien de dire le nom. Contrairement à la coutume, c’était l’homme grave qui plaisantait son compagnon de voyage et qui s’amusait de sa naïveté. Pendant la présentation, l’artiste demanda au haut fonctionnaire : « Quelle est donc cette dame qui se tient là-bas, dans l’ombre, auprès de la porte ?
« Cela ? Chut ! C’est une dame de cire.
— Quoi ! Une vraie dame de cire, comme on en voit aux étalages des coiffeurs ?
— Sans doute. La cour de Grèce est pauvre : une grande maîtresse du palais, en chair et en os, mangerait bien dix mille francs par an. En voilà une qui a coûté trois mille francs une fois payés, et ne mange rien.
— Quelle misère ! » Fit l’artiste attendri.
À ce moment, la poupée inclina la tête.
« Mais elle remue !
— Vous pensez bien, répliqua l’homme grave, que l’artifice serait trop grossier si ce mannequin ne faisait pas quelques mouvements.
— Oh ! dit l’artiste, les rois sont tombés bien bas ! »
La dame de cire n’était autre que Mme la baronne De Pluskow.
Les dames d’honneur de la reine sont des filles choisies dans les meilleures familles grecques. La reine n’en a que deux auprès d’elle : autrefois elle