Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/328

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Un habitant d’Athènes, un Français, me racontait qu’un jour son domestique l’aborda d’un air timide en roulant son bonnet entre ses mains : « tu as quelque chose à me demander ?

— Oui, effendi, mais je n’ose.

— Ose toujours.

— Effendi, je voudrais aller un mois dans la montagne.

— Dans la montagne ! Et pourquoi faire ?

— Pour me dégourdir, sauf votre respect, effendi.

Je me rouille ici. Vous êtes ici dans Athènes un tas de civilisés (je ne le dis pas pour vous offenser), et j’ai peur de me gâter au milieu de vous. »

Le maître, touché de ces bonnes raisons, permit à son valet un mois de chasse à l’homme. Il revint à l’expiration de son congé, et ne déroba pas une épingle dans la maison.

On m’a conté l’histoire d’un pauvre gendarme qui aspirait depuis plusieurs années aux galons de caporal. Il était bon soldat, assez brave, et le moins indiscipliné de sa compagnie ; mais il n’avait d’autre protecteur que lui-même, et c’était peu. Il déserta et se fit brigand. Dans cette nouvelle profession, ses petits talents se firent jour, et il fut bientôt connu de tous les chefs de la gendarmerie. On essaya de le prendre, et on le manqua cinq ou six fois.

En désespoir de cause on lui envoya un parlementaire. « Tu auras ta grâce, lui disait-on, et pour prix de tes peines, tu seras caporal dès demain, sergent dans l’année. »

Au mot de caporal, le brigand dressa les oreilles ; son ambition était enfin satisfaite. Il consentit à se