commission, ils tombèrent sur les commissaires. Ces messieurs y perdirent tout leur argent. L’un d’eux, qui avait essayé de dérober quelque chose aux voleurs, reçut un coup de sabre dont il faillit perdre le nez. Les brigands grecs prouvent par ces sévérités qu’ils n’ont pas perdu tout sens moral, et qu’ils ont l’horreur du mensonge.
La duchesse de Plaisance a été prise par le fameux Bibichi, un des plus célèbres routiers de l’Attique. Ce galant homme n’était point brigand par méchanceté, mais par dépit. Sa femme l’avait trompé, et il se vengeait sur le prochain. Homme résolu, d’ailleurs, qui ne craignait pas d’exercer sa profession aux portes d’Athènes.
Je désirais depuis longtemps entendre de la bouche de la duchesse le récit de son aventure ; mais la duchesse n’aime pas à raconter les tours que les Grecs lui ont joués. Un banquier en qui elle avait mis sa confiance lui a fait perdre près de 300 000 drachmes : elle ne s’en plaint à personne. Quelques malveillants lui ont brûlé une maison : elle n’accuse que la combustibilité des choses humaines. D’autres se sont amusés à détruire un pont qu’elle avait jeté sur l’Ilissus : elle les trouve blancs comme neige. Toutes les fois que j’essayais de lui parler de Bibichi, elle se hâtait de me parler d’autre chose.
Un jour que nous étions seuls, et qu’elle n’avait rien à raconter, je lui demandai timidement : « Est-il vrai, madame la duchesse, que, sur le chemin du Pentélique, vous avez été arrêtée par…
— Il faut, me dit-elle, que je vous raconte une assez bonne plaisanterie que je tiens de Georges