Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/334

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Cuvier. C’est un petit dialogue qu’on a écrit en 1814, à Rome, sur le piédestal de la statue de Pasquin :

« Louis XVIII : Comment, saint-père, avez-vous pu sacrer un usurpateur ?

« Pie VII : Hé ! Mon cher fils, que voulez-vous ? Vous n’étiez pas là.

« Louis XVIII : Mais, saint-père, avec ma légitimité, je règne même où je ne suis pas.

« Pie VII : Mais, mon cher fils, avec mon infaillibilité, j’ai raison même quand j’ai tort. »

Je trouvai la citation plaisante, et je ris de grand cœur. « Madame la duchesse, lui dis-je, vous avez une façon charmante de conter les choses. Contez-moi donc un peu ce qui vous est arrivé…

— Oh ! se hâta-t-elle d’ajouter, on ne sait plus conter aujourd’hui. De mon temps, on adorait les histoires, et ceux qui savaient les dire étaient partout les bienvenus. Vos romanciers eux-mêmes sont de pauvres conteurs ; ils ne savent plus que disserter. Vos poètes ne savent que gémir ou déclamer. Y en a-t-il un seul qui raconte aussi élégamment que Delille ? »

« Je me dis en moi-même : « Si je conteste un mot, je suis perdu. » Et je confessai lâchement que Delille était le premier conteur du monde. « Je suis bien aise, reprit la duchesse, de vous voir de mon avis. M. De Lamartine et M. Hugo ont-ils rien écrit d’aussi parfait que ces vers ? »

Je baissai la tête, et j’essuyai une interminable narration extraite du poëme des Jardins. C’était, si je ne me trompe, l’histoire d’un jeune sauvage qui