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LA GRÈCE CONTEMPORAINE.

lées, et les rives partout déchirées, voilà les œuvres complètes de la Néda. Tandis que nous descendions le courant, un orage se formait derrière nous. Leftéri nous avertit de nous hâter, si nous ne voulions pas qu’il nous coupât le chemin. Heureusement, la pluie attendit pour tomber que nous fussions à l’abri. Une heure après, la route que nous venions de traverser à pied sec, ou à peu près, ressemblait au lit de la Seine après la fonte des neiges : la Néda était devenue une grosse rivière. Avant la nuit il n’y paraissait plus ; nous la traversions à pied sec en poursuivant les lucioles.

Le Ladon, le plus beau des fleuves de l’Arcadie, et le plus cher aux poëtes bucoliques, ne m’a pas agréablement surpris la première fois que je l’ai traversé. Je voyais, entre des rives plates et nues, un peu d’eau trouble coulant dans un grand lit, et je plaignais les pauvres auteurs de pastorales qui ont tant admiré le Ladon sans le connaître. Ces petites rivières, le jour où elles ne sont pas torrents, ressemblent, dans leurs larges ravins, à des enfants qu’on a couchés dans le lit à colonnes de leur grand-père. Au reste, je dois avouer qu’à cette première entrevue je n’avais pas l’esprit tourné à l’admiration. Je venais de prendre un bain dans l’Érymanthe, bien malgré moi, et par la volonté du grand Épaminondas, mon cheval. Cet animal a la même passion que M. de Chateaubriand : il veut emporter de l’eau de tous les fleuves qu’il traverse. Quand je revis le Ladon, c’était un peu plus près de sa source. Nous avions dressé notre camp dans le plus frais, le plus gracieux et le plus magnifique temple que la nature se soit bâti de ses propres mains. La