Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/354

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pansu, drapé dans un tablier blanc, et riant d’un gros rire sous son bonnet de coton ; une servante haute en couleur, un valet à figure niaise ; tous empressés, maître, valet, servante, autour du voyageur ; des fourneaux allumés ; des casseroles en branle, une cuisine à grand orchestre ; de bons lits, des draps blancs et des rideaux rouges. Les khanis n’ont que faire de rideaux ; n’ayant pas de fenêtres ; des draps blancs y seraient superflus, faute de lits où les mettre, et des casseroles n’y serviraient que de vain ornement, faute de provisions et de cuisinier. La servante y est chose inconnue : s’il existe des femmes dans la maison, elles ne se montrent guère plus qu’au temps des turcs. Les hommes seuls servent le voyageur, quand ils sont en humeur de servir. Quelquefois le khangi est un vieillard maussade qui vous laisse prendre possession de son logis, vous regarde faire en grommelant, et ne se dérange pour vous qu’à la troisième sommation ; quelquefois, c’est un homme jeune encore, coiffé d’un bonnet rouge à gland d’or et serré comme une guêpe dans son joli costume albanais. Il vient à vous, vous tend la main, vous souhaite la bienvenue et met sa maison à votre service ; mais la maison n’en vaut pas mieux. Vous trouverez une chambre qui a strictement les quatre murs ; quelquefois un plancher : c’est du luxe ; quelquefois une natte ; c’est du raffinement. Si nombreux que l’on soit, et s’appelât-on légion, il se faut accommoder de cette unique chambre, il est bien rare que la maison en possède deux. Les bancs, les tables et surtout les chaises ne se rencontrent que par accident ; mais ce sont vanités dont on apprend aisément à se passer.