comme l’argent : on en a quand les étrangers en apportent ; et il passe trois étrangers dans un an. J’ai causé avec cette pauvre femme : « Avez-vous un médecin aux environs ?
— Non, effendi.
— Que faites-vous donc quand vous êtes malades ?
— Nous attendons que le mal passe.
— Mais quand vous êtes très malades !
— Nous mourons. »
Quelle nuit nous avons passée ! Toute la famille, composée de six personnes, dormait en tas auprès de nous. L’enfant a crié jusqu’au matin, et la mère l’apaisait si bruyamment que le remède était pire que le mal. Une jeune fille parlait en dormant ; le vent sifflait dans le toit, le froid nous glaçait sous notre couverture ; et, pour nous achever, nous étions livrés aux bêtes. Ne pouvant dormir, je me mis à songer. Ce misérable village occupe la place d’une ville florissante : Pavlitza s’appelait autrefois Phigalie ! Sans être riche comme Athènes ou Corinthe, Phigalie jouissait d’une honnête aisance : c’est elle qui enseigna aux villes voisines la culture du blé : elle était donc en Arcadie, comme Éleusis en Attique, la patrie du pain. Les ancêtres de ces paysans affamés possédaient des temples, des statues, un gymnase. Ce sont eux qui, après une maladie pestilentielle, appelèrent dans leurs montagnes l’architecte du Parthénon, pour élever à Apollon secourable le beau temple de Bassæ. Les murailles de leur ville, qui existent encore, sont un des plus beaux monuments de l’architecture militaire des Grecs.
Ce qui me touchait dans cette décadence, ce n’était