ouï dire que depuis quelques années les hommes ont appris à marcher comme le vent et à faire courir leur parole comme la foudre. Et que leur importent ces découvertes dont ils ne profiteront jamais ? Tant que le monde sera monde, on fera une lieue à l’heure dans les sentiers de leurs montagnes. Je me demande ce qu’ils ont gagné à la délivrance de la Grèce. Les Turcs ne pouvaient rien leur prendre : ils n’avaient rien. Peut-être ont-ils gagné de ne plus recevoir des coups de bâton : mais les Turcs venaient-ils si haut et si loin pour le plaisir de bâtonner ?
Faute de pouvoir dormir, je cherchais en moi-même par quels moyens on pourrait tirer d’affaire ce malheureux pays. Sans doute le gouvernement du roi ne fait pas son possible ; mais c’est l’impossible qu’il faudrait faire pour guérir une misère invétérée qui s’appuie sur l’éloignement des villes, la hauteur des montagnes, l’épuisement de la terre ; sur toutes les causes géographiques et géologiques. Nous avons, même en France, des départements voués à l’ignorance et à la misère, et qui reçoivent de l’État plus qu’ils ne lui donnent, et qui profitent de la fécondité des autres provinces.
J’ai tant rêvé sur ce sujet que le matin est venu. À quatre heures, j’aurais pu me mettre sous la voûte du ciel : les trous de la toiture, éclairés par une pâle lumière, semblaient être autant d’étoiles. Nous avons quitté nos lits sans regret.
Il y aura toujours quelque chose d’inexplicable dans l’amour obstiné des montagnards pour le sol qui refuse de les nourrir. Les habitants des montagnes de la Grèce refusent d’émigrer, ou, s’ils