IX
Le même soir, après une longue promenade sur les bords du Ladon, nos Agoyates nous conduisirent au village de Kerésova. Tandis que nos chevaux grimpaient de leur mieux le sentier escarpé qui y mène, Garnier crut entendre par intervalles les sons de ce tambourin qui est en possession de faire danser le peuple grec.
Comme nous avions la tête enveloppée de nos mouchoirs, dans la crainte des coups de soleil, nous n’osions pas trop nous fier à nos oreilles ; mais bientôt nous entendîmes distinctement le son du flageolet. Il n’en fallait pas douter : on dansait à Kerésova. Pourquoi dansait-on ? Un homme endimanché nous l’apprit : on célébrait la Saint-Nicolas, une grande fête dans la religion grecque. Je crois me souvenir qu’en Lorraine saint Nicolas n’est fêté que par les enfants. Je me rappelle encore avec quel soin religieux, il y a vingt ans, je plaçais mon sabot dans la cheminée, le soir du 5 décembre ; avec quel intérêt plein d’espoir j’allais voir le lendemain ce que saint Nicolas m’avait apporté. À côté des bonbons et des joujoux se trouvait toujours un paquet de verges, présent menaçant du terrible saint Fouet-