Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
36
LA GRÈCE CONTEMPORAINE.

C’est aussi après la guerre de l’indépendance qu’un grand nombre de Grecs du nord, l’élite de ces montagnards qui avaient commencé la révolte, s’arrachèrent à leur pays natal, que la diplomatie avait laissé aux mains des Turcs, et s’établirent dans ce royaume qu’ils avaient fondé au prix de leur sang. Ces montagnards, ces anciens chefs de révoltés ou de brigands (car le brigandage était une des formes de la guerre), ont apporté jusque dans Athènes les mœurs étranges de leur pays. Avec les autres chefs qui habitaient autrefois la Morée, ils forment la partie la plus originale et la plus colorée du peuple grec. Ils se donnent à eux-mêmes le titre de Pallicares, c’est-à-dire de braves. Ils sont restés fidèles au costume national, et portent fièrement le bonnet rouge, la veste d’or et la jupe blanche ; ils sortent armés, suivis d’un cortége d’hommes armés. Leurs maisons ressemblent un peu à des forteresses, et leurs domestiques, choisis parmi leurs anciens soldats ou leurs fermiers, forment une petite armée. Ils pratiquent largement une hospitalité ruineuse : tous les hommes de leur pays qui viennent à Athènes sont reçus chez eux et trouvent une place sous le hangar pour chaque nuit, du pain et quelque chose de plus pour chaque repas. Lorsqu’ils se visitent les uns les autres, ils imitent la réserve silencieuse des Turcs, parlent peu, fument beaucoup et boivent force tasses de café. Ils se saluent en posant la main sur la poitrine ; ils disent oui en inclinant la tête, et non en la renversant en arrière. Leur langage est hérissé de mots turcs qui le rendent assez difficile à comprendre. Quelques-uns savent encore parler le turc ; la plupart peuvent dire quelques mots d’italien ;