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LA GRÈCE CONTEMPORAINE.

Les deux presqu’îles méridionales de la Morée sont restées insoumises. Les Mavromichalis, beys du Magne, administraient eux-mêmes tout ce pays, et ne payaient aux Turcs qu’un impôt dérisoire, que l’agent du fisc venait recevoir en tremblant sur la frontière. On lui tendait, au bout d’un sabre nu, une bourse contenant quelques pièces d’or.

Les montagnards du Magne sont rudes et incultes comme leur pays. Ce peuple se nourrit de glands, comme autrefois les habitants de Dodone. Les glands doux du chêne valanède ne sont pas un trop mauvais manger. Les Maniotes parlent une langue à part, qui se rapproche beaucoup du grec ancien ; ils ne prononcent pas comme les gens d’Athènes. Leurs danses et leurs mœurs leur appartiennent exclusivement : on prétend même que leur religion a conservé quelques traces du paganisme.

Ils sont, avec les clephtes de l’Acarnanie, les plus courageux de tous les Grecs ; ils sont aussi les plus robustes. Les portefaix et les terrassiers d’Athènes sont des Maniotes ; ils ne travaillent pas avec beaucoup d’adresse, mais ils ont des épaules à porter un bœuf. Lorsque Beulé faisait ses fouilles à l’Acropole, il avait confié la direction des travaux à deux ouvriers : l’un était vif, adroit et flâneur ; il était d’Athènes. L’autre était lourd, puissant et infatigable ; c’était un Maniote. Il nous semblait que la guerre du Péloponèse allait recommencer et que nous voyions Athènes et Sparte en présence.

Les voyageurs pénètrent rarement dans le Magne, car la Laconie a toujours été plus riche en vertus qu’en chefs-d’œuvre, et l’on n’y trouve rien d’an-