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LES HOMMES.

tique que les mœurs. Les habitants sont, comme autrefois, brigands et hospitaliers. Un étranger qui n’est connu de personne est sûr de revenir sans bagages. J’ai vu un jour, dans la ville de Mistra, sur la frontière du Magne, aux portes d’une préfecture, un de mes amis qui se débattait en plein jour contre une douzaine de Maniotes. Ces bonnes gens insistaient poliment pour qu’il leur donnât une pièce de cent sous ; il la refusait avec une politesse au moins égale. Pour l’exhorter à la munificence, ils lui parlaient à mots couverts de coups de bâton, et ils lui montraient quelques armes à feu dont ils étaient ornés. Le chef de la bande était un petit employé de la préfecture, qui faisait sonner très-haut son titre officiel. J’arrivai à temps pour dégager mon compagnon de voyage : on accorde à deux hommes ensemble le respect qu’on refuserait à chacun d’eux séparément. Je menaçai le chorége de cette troupe de coquins, et je fis sonner assez haut le nom d’un député de Mistra pour qui j’avais une lettre. Mon homme se mit à rire. « Un tel ! s’écria-t-il ; mais je le connais ; c’est un homme à moi. »

Faites-vous recommander à un Maniote un peu puissant : vous parcourrez tout le pays sans qu’il vous en coûte rien. Votre hôte vous adressera à tous ses amis. Vous serez conduit de village en village, embrassé sur la bouche, et, dans la maison la plus pauvre, on tuera un agneau en votre honneur. Cette libéralité n’est pas intéressée. Peut-être un jour votre hôte vous demandera-t-il votre montre ou quelque autre bijou qui lui fait envie ; mais c’est un présent d’amitié, et dont il vous rendra la valeur.