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pêtre. Il a le droit de donner un million à la Grèce, de construire un observatoire, une école militaire, un séminaire, un hospice ; il n’a pas le droit de se mettre sur les rangs pour la députation : ainsi le veut la loi du 3 février 1844.

Le premier effet de cette loi a été d’expulser un grand nombre d’employés et de désorganiser tous les services ; le second a été d’empêcher la population de s’accroître. Il ne paraît pas que la Grèce soit plus peuplée aujourd’hui qu’il y a vingt ans, malgré la fécondité des mariages ; la fièvre, qui tue un enfant sur trois, décime régulièrement les familles, et la loi sur les hétérochthones est une barrière qui arrête les imaginations.

Il est un dernier point sur lequel les apologistes les plus ardents du peuple grec sont forcés de passer légèrement : c’est le chapitre de la probité. Les Grecs se sont fait à l’étranger une réputation détestable : en tout pays, on dit un Grec comme on dirait un filou de bonne compagnie. Je suis contraint d’avouer qu’ils ne valent pas mieux que leur réputation. On m’a montré à la cour du roi Othon tel officier supérieur qu’on a surpris plusieurs fois à voler au jeu ; mais on ne montre pas les juges qui ont vendu la justice, les hommes d’État qui se sont vendus eux-mêmes et les grands officiers de la couronne qui ont commandé des bandes de brigands : on aurait trop à faire. C’est un axiome chez les Grecs que tous les moyens sont bons pour s’enrichir ; le vol heureux est admiré, comme autrefois à Sparte ; les maladroits sont plaints ; celui qui s’est laissé prendre ne rougit que d’une chose : de s’être laissé prendre.