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se croirait déshonoré s’il ne vous dérobait pas quelque chose en vous rendant la monnaie de cinq francs : lorsqu’on s’en aperçoit et qu’on le lui dit, il répare son erreur, et sourit d’un air aimable qui veut dire : « Nous nous comprenons : vous avez deviné que j’étais un fripon ; vous êtes un homme d’esprit, peut-être un peu fripon vous-même ; nous sommes faits pour nous entendre. » Un cafetier grec n’est nullement embarrassé lorsqu’un Français et un Grec qui ont pris le même café à la même table, viennent en même temps lui payer l’un deux sous, l’autre un sou. Si vous lui en faisiez la remarque, il vous répondrait : « Les Grecs ne se mangent pas entre eux[1]. »

Il y a fort peu d’Anglais établis dans le royaume de Grèce ; mais l’Angleterre protège les îles Ioniennes, et le rapprochement des Grecs et des Anglais, les deux peuples les plus personnels de la terre, offre un spectacle assez curieux.

Ce n’est point ici le lieu de rechercher si les Anglais ont fait aux Ioniens tout le bien qu’ils pouvaient leur faire.

Ce qui est certain, c’est que Corfou est pour les Anglais une position militaire aussi importante que Malte ou Gibraltar, et qu’ils tiennent à la conserver.

  1. Cette inégalité dans le prix des choses s’explique aussi par un préjugé oriental. Les Grecs, non plus que les Turcs, n’ont aucune notion de la valeur absolue. Ils pensent que le prix d’un objet ou d’un service est déterminé par la misère du vendeur et la fortune de l’acheteur. Le prix d’un bain turc à Constantinople est d’une piastre pour le mendiant et de cent piastres pour le pacha. Les Grecs considèrent tous les étrangers comme des pachas en voyage.