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Ce qu’on devine encore, et au premier coup d’œil, c’est que Corfou et les six autres îles sont mieux cultivées et plus florissantes qu’aucune province du royaume de Grèce ; les communications sont faciles par terre et par mer, le pays est traversé en tous sens par des routes admirables ; toutes les îles sont reliées entre elles par un service régulier de bateaux à vapeur. On pourrait donc croire que les îles ont autant de plaisir à garder les Anglais que les Anglais en ont à garder les îles. On se tromperait grossièrement.

Cependant les Ioniens font bon visage aux Anglais. Ils retrouvent à l’occasion ces sourires gracieux et ces flatteries ingénieuses que la grécaille du temps d’Auguste prodiguait aux Romains, ses maîtres. J’ai vu grandir à Corfou une génération de jeunes élégants qui cherche à oublier le grec et l’italien pour apprendre l’anglais, qui fredonne le God save the Queen, qui taille ses favoris en brosse, et qui voudrait pouvoir les teindre en rouge. Cependant les Anglais sont détestés de tous, excepter des hommes de jugement froid et d’esprit politique qui ne forment pas la majorité dans les sept îles.

Il est vrai que les Anglais sont terriblement Anglais. On a dit avec quelque raison : « Ce qui a fait la force de ces gens-là, c’est qu’ils se répètent vingt fois par jour : « Je suis Anglais. » Je suis sûr qu’aux îles Ioniennes ils se le disent une fois de plus.

Un des Anglais qui ont rendu le plus de services aux Ioniens, un véritable philhellène, lord …, qui parlait le grec comme M. Hase ou M. le Normant, demandait un jour à un ionien s’il ne trouvait pas