Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/73

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quelque chose à reprendre dans son langage. « Oui, dit le Grec, vous avez gardé un léger accent. — Je le sais, répliqua l’Anglais, et j’ai soin de ne point le perdre. Je veux que, même en m’entendant parler grec, on reconnaisse que je suis Anglais. »

Un Ionien qui se promenait à cheval sur une des routes de Corfou tombe, et son cheval sur lui. Un Anglais qui passait en voiture arrête ses chevaux, court à l’homme et tend les mains vers lui pour le relever, lorsqu’une réflexion l’arrête : Are you a gentleman ? Heureusement le cavalier tombé s’appelait Dandolo, et comptait des doges de Venise parmi ses ancêtres. On ne dira plus que les ancêtres ne servent de rien : les Dandolo du xve siècle ont sauvé une jambe à leur postérité.

Les Anglais font peu de chose pour se rapprocher des Grecs, et les Grecs, à part l’exception que j’ai signalée, font tout pour s’éloigner des Anglais. Le gouvernement a fondé quelques institutions qui forcent les deux races de s’asseoir côte à côte. Ainsi, la haute cour de justice est mi-partie de Grecs et d’Anglais. Il est vrai que les magistrats qui la composent sont collègues sans être égaux. Pour remplir les mêmes fonctions et s’asseoir dans deux fauteuils pareils, un Grec reçoit six mille francs par an et un Anglais vingt-cinq mille. Les Grecs ne sont pas contents.