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terre, puisqu’il lui fermait toutes les portes. Elle voyagea deux ans avec son amant ; elle en eut une fille que le prince a fait élever et qu’il a mariée quelques mois avant de mourir. Janthe ne songea pas un instant à devenir princesse de S… : elle aimait trop le prince pour vouloir devenir sa femme. Il la quitta.

Elle se remit à courir le monde pour se distraire et pour changer d’amour. Elle visita la France, et se fixa en Allemagne. Sa fortune personnelle, qui ne lui aurait point suffi en Angleterre, lui permit de tenir un certain rang dans certaines principautés. Elle avait et elle a encore trente-sept mille francs de rente. Ce qu’elle fit de son temps et de son cœur jusqu’au moment où elle épousa le baron F…, Dieu seul le sait : elle était libre, et ne devait compte de ses actions à personne. Je suis porté à croire que les distractions ne lui manquèrent jamais, qu’elle eut quelques attachements, et que de préférence elle s’attacha assez haut. Elle me demandait un jour ce que je pensais des cartes.

« Rien que de bon, lui répondis-je : nous sommes chez les Grecs, et je dois respecter la religion du pays.

— Vous ne voulez pas m’entendre. Je vous demande si vous croyez à la cartomancie ? J’ai consulté, il y a longtemps, Mlle Lenormant : elle m’a prédit que je ferais tourner bien des têtes…

— Il ne fallait pas être sorcière.

— Et entre autres trois têtes couronnées.

— Eh bien ?

— Eh bien ! J’ai beau chercher, je n’en trouve que deux.

— C’est que la troisième est dans l’avenir. »