Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

du vin résiné, dormit en plein air, auprès d’un grand feu de lentisques, et s’en trouva bien.

Lorsqu’on apprit dans Athènes que l’heureux Hadji-Petros avait succédé au comte T…, la jalousie publique murmura hautement. On enviait le bonheur du vieux général, et surtout (faut-il le dire ?) l’aisance dont il allait jouir. Dans un pays où les ministres ont sept cent vingt francs de traitement par mois, on ne dispose pas de trente-sept mille livres de rentes sans faire bien des jaloux. Hadji-Petros fut destitué. En apprenant cette nouvelle, il forma une résolution qui paraîtra invraisemblable à tous ceux qui ne connaissent pas les grecs d’aujourd’hui.

Il écrivit à la reine une lettre conçue à peu près en ces termes :

« Votre Majesté m’a fait destituer : c’est sans doute parce que je vis avec la comtesse T… ; mais, quoi que mes ennemis aient pu vous dire, je vous déclare sur mon honneur de soldat que si je suis l’amant de cette femme, ce n’est point par amour, mais par intérêt. Elle est riche, et je suis pauvre : j’ai un rang à soutenir, des enfants à élever. J’espère donc, » etc.

Cette lettre a été rendue publique, toute la ville a pu la lire ; mais je ne crois pas que le commun des Grecs l’ait trouvée étrange ou inconvenante. Si Hadji-Petros l’a adressée de préférence à la reine, c’est qu’il savait que, dans le royaume de Grèce, le roi règne et la reine gouverne. Il devinait fort bien, en supposant que c’était elle qui l’avait destitué. La reine est une personne irréprochable : elle a donc le droit d’être sévère. Elle a brisé la carrière de plusieurs officiers qui s’étaient permis d’avoir des maîtresses ; et l’an