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dernier, lorsqu’un des ministres du roi a été pris en flagrant délit d’adultère, si elle ne l’a pas destitué, c’est qu’elle le savait dévoué à la Russie. Hadji-Petros, malgré sa lettre justificative et ses sentiments de père de famille, fut forcé de quitter Lamia. Il revint à Athènes, et Janthe avec lui. Elle loua, près de la ville, deux petites maisons jumelles avec un jardin commun : le Pallicare habitait l’une avec ses sous-brigands ; elle occupait l’autre avec ses domestiques.

En Grèce, comme partout, l’opinion publique est pleine d’indulgence pour qui la respecte, impitoyable pour qui la brave. Du jour où Janthe afficha sa liaison avec Hadji-Petros, toutes les maisons lui furent fermées. Elle ne vit plus que quelques femmes d’officiers, pauvres créatures sans éducation et sans esprit. C’est alors que la duchesse, par pitié, par curiosité et par esprit de contradiction, lui tendit les bras. À son âge, elle pouvait, sans se compromettre, fréquenter une femme compromise. Janthe, d’ailleurs, prenait bien ses mesures pour que l’on ne fût point exposé à rencontrer son sauvage doré ; et quand même la duchesse se serait croisée avec lui, comme elle ne sait pas le grec et qu’il ignore le français, la conversation n’eût pas été longue. Cette bonne duchesse trouvait un plaisir paradoxal à excuser les faiblesses de son amie. Elle baptisait du nom d’unions libres ce que Gorgibus appelle brutalement le concubinage. Au demeurant, sa religion, j’entends la religion qu’elle a inventée, n’était pas contraire à ces sortes de liaisons, théorie plaisante et dont on peut se passer la fantaisie lorsqu’on a derrière soi plus de soixante-dix ans de vertu. Un seul point contrariait la duchesse :