Page:About - La Question romaine.djvu/136

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laïques en vérité, et bien faits pour, inspirer la confiance à un peuple laïque ! Mieux vaudrait qu’ils fussent cardinaux : ils n’auraient pas leur fortune à faire, et rien ne les obligerait plus à signaler leur zèle contre la nation.

Car nous en sommes là, malheureusement. Cette caste ecclésiastique, si bien unie par les liens d’une hiérarchie savante, règne en pays conquis. Elle regarde la classe moyenne, c’est-à-dire la partie intelligente et laborieuse de la nation, comme une ennemie irréconciliable. Les préfets ne sont pas chargés d’administrer les provinces, mais de les contenir. La police n’est pas faite pour protéger les citoyens, mais pour les surveiller. Les tribunaux ont d’autres intérêts à défendre que l’intérêt de la justice. Le corps diplomatique ne représente pas un pays, mais une coterie. Le corps enseignant n’a pas mission d’instruire, mais d’empêcher qu’on ne s’instruise. Les impôts ne sont pas une cotisation nationale, mais une maraude officielle au profit de quelques ecclésiastiques. Passez en revue tous les départements de l’administration publique : vous verrez partout l’élément clérical aux prises avec la nation, et vainqueur sur toute la ligne.

Dans cet état de choses, il est assez inutile de dire au pape : « Nommez les laïques aux emplois importants. » Autant vaudrait dire à l’empereur d’Autriche : « Faites garder vos forteresses par des Piémontais. » L’administration romaine est ce qu’elle doit être ; elle restera la même tant qu’il y aura un pape sur le trône.