Page:About - La Question romaine.djvu/135

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Enfin, il n’est pas rare de trouver parmi les prélats quelques officiers de fortune, aventuriers de l’Église, que l’ambition des grandeurs ecclésiastiques a fait sortir de leurs pays. Tout l’univers catholique fournit son contingent à ce corps de volontaires. Ces messieurs donnent de singuliers exemples au peuple romain, et j’en sais plus d’un à qui les mères de famille ne confieraient pas l’éducation de leurs fils. Il m’était arrivé de peindre dans une nouvelle[1] un prélat bon à rouer : les bonnes gens de Rome m’en ont nommé trois ou quatre qu’ils avaient cru reconnaître au portrait. Mais il est inouï qu’un prélat, si vicieux qu’il puisse être, professe des idées libérales. Un seul mot échappé de sa bouche en faveur de la nation le perdrait.

M. de Rayneval a dépensé beaucoup d’esprit pour démontrer que les prélats, n’ayant pas reçu le sacrement de l’ordre, appartenaient à l’élément laïque. À ce compte, une province devrait s’estimer heureuse et croire qu’elle a échappé au gouvernement des prêtres, lorsqu’on lui donne pour préfet un simple tonsuré. Pour moi, je ne vois pas en quoi les prélats tonsurés sont plus laïques que les prêtres. Ils n’ont pas la vocation, j’en conviens, ni les vertus du sacerdoce, mais ils ont les idées, les intérêts, les passions de la caste ecclésiastique. Ils visent au chapeau de cardinal, quand leur ambition ne va point jusqu’à la tiare : singuliers

  1. Tolla.