Page:About - La Question romaine.djvu/140

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N’importe ! Comme après tout l’État pontifical est celui où les crimes les plus impudents, les assassinats les plus publics ont le plus de chance de rester impunis, je conviens avec M. de Brosses et M. de Tournon qu’il est le plus doux de l’Europe.

Ce que je veux étudier avec vous, c’est l’application de cette douceur aux matières politiques.

Il y a neuf ans que Pie IX est rentré dans sa capitale comme un père dans sa maison, après avoir fait enfoncer la porte. Ni le saint-père, ni ses compagnons d’exil n’étaient animés d’une bien vive reconnaissance pour les chefs de la révolution qui les avait chassés. Avant d’être prêtre, on a été homme pendant quelques années, et il en reste toujours quelque chose.

C’est pourquoi, en proclamant l’amnistie qui avait été conseillée par la France et promise par le pape, on a exclu de cette mesure générale 283 individus[1]. Il est à regretter pour ces 283 personnes que l’Évangile soit vieux et le pardon des injures passé de mode.

La clémence du pape a gracié 59 de ces exilés dans un espace de neuf ans. Mais était-ce bien leur faire grâce que de les rappeler provisoirement, les uns pour un an, les autres pour six mois ? Un homme placé sous la surveillance de la police est-il gracié pour tout de bon ? Un malheureux à qui l’on interdit l’exercice de son ancien métier, en lui laissant la liberté de mourir de faim dans sa patrie, ne doit-il pas souvent regretter l’exil ?

  1. Les Victoires de l’Église, par le prêtre Margotti, 1857.