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Page:About - La Question romaine.djvu/148

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pour le rétablir au Vatican ? Était-ce pour donner à trois millions d’hommes un surveillant actif et vigoureux ? Le moindre brigadier de gendarmerie aurait mieux fait l’affaire. Non ; c’était pour que le chef de l’Église pût veiller du haut d’un trône aux intérêts de la religion ; pour que le vicaire de Jésus-Christ fût entouré d’un éclat royal. Les trois millions d’hommes qui habitent ses États sont destinés par l’Europe à défrayer le luxe de sa cour. C’est eux que nous avons donnés au pape ; ce n’est pas à eux que le pape a été donné.

Ceci posé, le premier devoir du pape est de dire la messe à Saint-Pierre de Rome pour 139 millions de catholiques. Le second est de faire figure, de représenter dignement, de porter une couronne et de ne pas la laisser choir. Mais que ses trois millions de sujets se querellent, s’entre-tuent ou se volent réciproquement leurs écus, c’est à ses yeux une chose indifférente ou du moins secondaire, tant qu’on n’attaque ni l’Église ni le gouvernement.

C’est de ce point de vue qu’il faut examiner la distribution des peines dans l’État du pape : on verra que sa justice frappe logiquement à tout coup.

Les crimes les plus impardonnables aux yeux du clergé sont ceux qui offensent Dieu. Rome punit les péchés. Le tribunal du vicariat expédie un blasphémateur aux galères ou jette en prison le nigaud qui refuse de communier à Pâques. Dira-t-on que le chef de l’Église ne fait pas son devoir ?

Le chef de l’État défend sa couronne, je vous ai ra-