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Page:About - La Question romaine.djvu/149

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conté comment, et je ne crains plus que vous l’accusiez de faiblesse. Si l’Europe osait dire qu’il laisse ébranler le trône où elle l’a remis, nous compterions les exilés politiques, les prisonniers d’État, et une assez belle collection de tombeaux.

Mais les crimes et délits que les indigènes commettent les uns contre les autres ne touchent que bien indirectement le pape et ses cardinaux. Qu’importe aux successeurs des apôtres que les ouvriers et les paysans s’égorgent le dimanche après vêpres ? Il en restera toujours assez pour payer l’impôt.

Le peuple de Rome a contracté depuis longtemps de mauvaises habitudes. Il fréquente les cabarets, il se querelle après boire, et les coups de couteau vont trottant, comme en France les coups de poing. Le petit monde des campagnes imite les gens de la ville : il règle à coups de couteau les questions de mur mitoyen, les partages de succession, les affaires de famille. Ils feraient plus sagement d’aller trouver le magistrat ; mais la justice est lente, les procès coûtent cher, il faut graisser la patte, la faveur prime de droit, le juge est un imbécile, un intrigant, ou un fripon. Baste ! le couteau tranche tout. Jacques tombe, il a tort ; Nicolas court, il a raison. Ce petit drame se joue plus de quatre fois par jour dans les États du pape ; la statistique de 1857 en fait foi. C’est un grand mal pour le pays, et même un danger sérieux pour l’Europe. L’école du couteau, fondée à Rome, établit des succursales à l’étranger. Nous avons vu les intérêts les plus sacrés de