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Page:About - La Question romaine.djvu/164

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ment elle est jugée dans le ciel par les instigateurs des croisades ou par les conseillers de la Saint-Barthélémy : quant à moi, je la loue et je l’admire sans restriction, si elle a son principe dans le progrès des lumières et l’adoucissement des mœurs. Je ne l’estimerais pas autant s’il fallait l’attribuer aux calculs de la politique et aux spéculations de l’intérêt.

Mais comment pénétrer la pensée secrète du souverain pontife ? Par quels chemins arriverons-nous assez avant dans son cœur pour dégager le vrai mobile de sa tolérance ? La douceur intéressée et la douceur naturelle se ressemblent par les effets et ne diffèrent que par les causes. Lorsque les papes et les cardinaux prodiguent à M. de Rothschild les assurances de leur plus haute considération, faut-il conclure de là qu’à leurs yeux comme aux nôtres un israélite vaut bien un catholique ? Ou croirons-nous qu’ils déguisent leurs sentiments parce que M. de Rothschild a des millions ?

Ce problème délicat n’est pas difficile à résoudre. Cherchons à Rome un juif qui n’ait pas de millions, et demandons-lui comment les papes le traitent et le considèrent. Si le gouvernement ne fait point de différence entre ce citoyen et un catholique, je dirai que les papes sont devenus tolérants. Si le juif pauvre est encore placé par l’administration entre le chien et l’homme, les politesses qu’on fait à M. de Rothschild ne seront plus qu’un calcul d’intérêt et un sacrifice de dignité.

Maintenant, écoutez et jugez. Il y a eu des juifs en