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Italie avant qu’il y eût des chrétiens au monde. Le polythéisme romain qui tolérait tout, excepté les coups de pied de Polyeucte dans la statue de Jupiter, fit une place au Dieu d’Israël. Les chrétiens vinrent ensuite et furent tolérés jusqu’au jour où ils conspirèrent contre les lois. On les confondait souvent avec les juifs, parce qu’ils venaient du même coin de l’Orient. Le christianisme grandit par de saintes conspirations, enrôla les esclaves, brava les maîtres et devint maître à son tour. Je ne lui reproche pas d’avoir égorgé les païens ; il usait de représailles. Mais en bonne justice il a tué trop de juifs.

Non pas à Rome : les papes conservaient un échantillon de la race maudite pour l’amener devant Dieu au jugement dernier. L’Écriture avait promis aux juifs qu’ils vivraient misérables jusqu’à la consommation des siècles : l’Église se chargea de les conserver vivants et misérables. Elle leur fit des enclos, comme nous en avons au Jardin-des-Plantes pour les animaux curieux. On les parqua d’abord à la vallée Égérie, puis au Transtévère et finalement au Ghetto. On les laissait circuler dans la ville pour montrer aux chrétiens combien l’homme est sale et dégradé lorsqu’il n’est pas chrétien ; mais la nuit venue, on les mettait sous clef. Leur enclos se fermait à l’heure où les fidèles vont se damner au théâtre.

Dans certaines solennités, le conseil municipal de Rome offrait au peuple une course de juifs : on les remplaça par des chevaux quand la philosophie mo-