Page:About - La Question romaine.djvu/169

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L’Europe, qui voit les choses de loin, doit supposer que, sous un règne si tolérant, tous les Israélites sont venus se fixer dans les États de l’Église, pour jouir des bontés de Pie IX. Mais voyez comme la statistique est une science paradoxale ! Elle nous apprend qu’en 1842, sous Grégoire XVI, en pleine captivité de Babylone, il y avait 12 700 juifs dans le petit royaume pontifical. Et en 1853, après tant de bienfaits et tant de réformes, malgré tant de justice et tant de tolérance, la population israélite s’est trouvée réduite à 9 237 âmes ; 3 463 juifs, formant plus d’un quart de la population, s’étaient dérobés à l’action paternelle du saint-père ! Il faut que cette race soit bien ingrate, ou que nous ne sachions pas tout.

J’ai cherché à tout savoir, du temps que j’étais à Rome. J’ai fait questionner secrètement deux notables du Ghetto. Lorsqu’ils ont su à quelle intention je me mêlais de leurs affaires, les pauvres gens ont poussé de grands cris. « Au nom du ciel, m’ont-ils fait répondre, ne nous plaignez pas ! Gardez-vous d’imprimer que nous sommes malheureux ; que le pape regrette activement ses bienfaits de 1847 ; que le Ghetto est fermé par des portes invisibles, mais infranchissables ; et que notre condition est pire que jamais ! Tout ce que vous diriez en notre faveur retomberait sur notre tête, et le bien que vous nous voulez nous ferait trop de mal ! »

Voilà tous les renseignements que j’ai pu obtenir de ces persécutés. C’est peu ; c’est pourtant quelque chose. J’ai vu que leur Ghetto, où quelque puissance occulte