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Page:About - La Question romaine.djvu/172

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implorant l’assistance du général en chef. M. de Goyon, homme de cœur s’il en fut, se chargea de l’affaire et la porta lui-même au cardinal : « Monsieur le comte, lui répondit-on, vous demandez une chose impossible ; mais, comme le gouvernement du saint-père n’a rien à vous refuser, nous la ferons. Non-seulement votre juif aura un garde assermenté, mais nous le lui choisirons de notre main pour l’amour de vous. »

Le général, enchanté d’avoir fait une bonne action, remercie chaudement et s’en va. Trois mois se passent et le garde ne paraît point. Le juif, toujours pillé, réclame timidement. M. de Goyon, toujours généreux, se remet en campagne. Il presse, il insiste, il veut rapporter la permission lui-même ; bref, il l’enlève d’assaut. Qui fut heureux ? Le juif. Il versa des larmes de reconnaissance et revint montrer à sa famille le nom trois fois béni du garde qu’on lui octroyait.

C’était le nom d’un homme disparu depuis six ans, et qui n’avait jamais donné de ses nouvelles !

Et quand nos officiers rencontraient le pauvre juif, ils lui disaient : « Eh bien vous êtes content ? » Le malheureux n’osait pas répondre non : la police lui avait défendu de se plaindre !

Les juifs les plus malheureux sont les juifs de Rome. Le voisinage du Vatican leur est funeste comme aux chrétiens. Au delà des Apennins, loin du gouvernement, vous les verrez moins pauvres, moins opprimés et moins flétris. La population israélite d’Ancône est vraiment belle.