Page:About - La Question romaine.djvu/173

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Ce n’est pas à dire que les agents du pape se convertissent à la tolérance en traversant les Apennins. Il y a deux ans, le préfet d’Ancône a rajeuni la vieille loi qui défend aux chrétiens de converser publiquement avec les juifs.

Il n’y a pas un an que l’archevêque de Bologne a confisqué le petit Mortara au profit du couvent des Néophytes.

Il n’y a pas dix ans que M. Padova fut privé de sa femme et de ses enfants par un événement aussi extraordinaire, quoiqu’il ait fait moins de bruit.

M. Padova, négociant aisé, habitait à Cento, dans la province de Ferrare. Il avait une jolie femme, deux beaux enfants, et un commis catholique qui séduisit madame Padova. Le mari se douta de quelque chose et chassa l’employé infidèle. L’employé partit pour Bologne et sa maîtresse l’y rejoignit bientôt avec les enfants.

Le juif, donnant sa femme au commis et le commis à tous les diables, s’adressa à la justice pour qu’on lui rendît au moins ses enfants. La justice lui répondit que ses enfants, comme sa femme, avaient embrassé le christianisme et n’étaient plus de sa famille. Cependant il fut condamné à leur payer une pension sur laquelle ils vivent tous, sans en excepter le commis.

Quelques mois plus tard, le cardinal Oppizoni, archevêque de Bologne, célébra lui-même le mariage de madame Padova et de son amant.