Page:About - La Question romaine.djvu/191

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d’intérêt personnel s’en joignaient d’autres d’un ordre plus élevé, s’il est possible. L’héritier de Napoléon et de la révolution libérale de 89, l’homme qui lisait son nom sur la première page du Code civil, l’auteur de tant d’ouvrages où l’on sent palpiter la vie moderne et la passion du progrès, le rêveur silencieux qui portait en germe dans son cerveau toutes les prospérités dont nous jouissons depuis dix ans, n’était pas capable de dévouer trois millions d’Italiens à la réaction, à l’illégalité et à la misère. S’il avait fermement résolu de faire cesser la république à Rome, il n’était pas moins décidé à supprimer les abus, les injustices et toutes les traditions oppressives qui poussaient les Italiens à la révolte. Dans la pensée du chef de la France, c’était vaincre une seconde fois l’anarchie que de lui ôter tout prétexte et toute raison d’être.

Il connaissait Rome ; il y avait vécu ; il savait par lui-même en quoi le gouvernement du pape diffère des bons gouvernements. Son équité naturelle lui conseilla de donner aux sujets du saint-père, en échange de l’autonomie politique dont il les dépouillait, toutes les libertés civiles et tous les droits inoffensifs dont on jouit dans les États policés. Il écrivit à M. Edgar Ney, le 18 août 1849, une lettre qui était un vrai memorandum à l’adresse du pape. Amnistie, sécularisation, code Napoléon, gouvernement libéral ; voilà ce qu’il promettait aux Romains en échange de la république ; voilà ce qu’il demandait au pape en échange d’une couronne. Ce programme donnait en quatre mots